Photos et lettres des Philippines, de France et d'ailleurs

Photos et lettres  des Philippines, de France  et d'ailleurs

Mars 2011, du 11 au 23 : La maison de Mag-abo et Dumaguete

Le tsunami :

Je ne recevais plus la TV par satellite depuis plus de deux ans. Cela avait commencé par la suppression de la chaine francophone TV5 puis celle de deux chaines de cinéma et puis finalement l’obligation de racheter un nouveau décodeur, donc je n’avais pas renouvelé mon abonnement et je me contentais depuis de mes DVD pour combler mes soirées.

Le lendemain soir de mon arrivée à la maison vers 20h, je reçus d’abord un SMS de mon épouse qui s’étonnait que je ne réponde pas au téléphone et se montra heureuse de me savoir sauf. D’autres SMS suivirent de France et de Manille. Certains me demandèrent de quitter mon bord de mer pour aller me réfugier dans la montagne avec mon gardien, sa famille et mes chiens.

C’est ainsi que j’appris la catastrophe qui venait de frapper le Japon et l’état d’alerte au tsunami dans lequel vivait les Philippines et qui ne fut levé qu’à minuit. Je dormis mal et j’allai régulièrement observer mes chiens qui dormaient paisiblement sur la terrasse les sachant capables de flairer un éventuel danger avant tout être humain.

Le lendemain je me rendis en ville pour m’abonner à nouveau au satellite de manière à être informé des grands événements de ce monde par le biais de CNN ou de BBC Wolrd, chaine que je préfère car au moins les Britanniques savent que le France existe contrairement aux Américains de CNN. Certes je suis privé des informations de politique française mais je m’en passe volontiers car il se passe en ce moment des choses plus importantes que la dernière déclaration de Madame …ou de Monsieur… qui sont d’abord au service de leur ambition avant celui de la France.

 

Panne de voiture :

Le lundi 14 mars, je m’apprêtais à aller en ville au ravitaillement mais quand je voulus démarrer mon Pajero, il ne se passa rien car il n’y avait plus de courant. J’en conclus qu'une ou les deux batteries du véhicule étaient mortes. Que faire ? Car il n’y a pas d’Assistance ici et il fallait me débrouiller.

Il restait les amis mais je savais Charly être à Siquijor pour quelques jours aussi appelai-je Michel qui hélas ne répondit pas.

C’est ainsi que malgré mon mal de jambe je parcourus le 800 mètres jusqu’à la route puis je pris un jeepney jusqu’à Bacong 18 kilomètres plus loin et enfin un tricycle jusqu’à mon garagiste.

Evidemment il n’avait pas suffisamment d’argent pour pouvoir avancer l’achat de 2 batteries et je repris donc un tricycle puis un multicab (petit jeepney) pour me rendre à Dumaguete. Je fis 2 magasins avant de trouver mon bonheur et il m’en coûta 8800 pesos (150€). J’envoyais ensuite un SMS à mon mécano pour qu’il récupère les batteries et vienne me les installer à domicile. Ce qu’il fit en fin d’après-midi accompagné de ses enfants qui avaient voulu profiter de la ballade. Il me fallu débourser pour ce service 600 pesos (10€) plus quelques verres de Coca Cola. Je prends toujours la meilleure marque de batterie et pourtant sur mon véhicule leur durée de vie n’excède jamais plus de deux à trois ans et je ne sais pas pourquoi alors que des amis me disent ne les changer que tous les cinq ans.


(Mon Pajero lorsqu'il veut bien rouler. Ici en montagne il y a quelques jours lors d'une pause pipi et photo)

 

Le dentiste :

En décembre alors que j’étais en France, je m’étais cassé la moitié d’une dent déjà dévitalisée. J’avais téléphoné à ma dentiste qui ne pouvait me recevoir qu’un mois plus tard.

Renseignements pris, la pose d’une couronne en France se chiffre entre 800 et 1200 €, une somme importante à sortir malgré les remboursements Sécu et Mutuelle.

J’attendis donc d’être à Dumaguete pour prendre rendez-vous avec notre dentiste ou plutôt nos dentistes car le mari et la femme exercent dans le même cabinet et nous soignent indifféremment mon épouse et moi-même. Ma couronne fut posée en 2 séances pour 100€.

Nous avions fait leur connaissance deux ans plus tôt. Je m’étais déjà fait mettre une couronne et ma femme qui n’avait pas confiance osa malgré tout leur demander un devis pour ses deux bridges à remplacer. Le montant fut estimé à 1800 € alors que le prix le plus bas en France était de 10 000€. Après bien des hésitations elle accepta et le travail réalisé ainsi que les matériaux utilisés furent sans reproche.

Là où ça devint amusant fut lorsqu’elle tenta de se faire rembourser par la Caisse d’Assurance Maladie en France. Cela se termina par une lettre adressée à Mme le Ministre Roseline Bachelot pour laquelle nous ne reçûmes même pas un accusé de réception.

En résumé, pour le Sécu il ne s’agissait pas de soins inopinés et en cas de problème il eut fallu faire faire sur place des soins temporaires remboursés puis un appareillage en France de 10 000€ en partie à la charge de notre système de Santé au lieu de dépenser 1800€ aux Philippines. Comprenne qui pourra !

 

Le médecin :

Après quelques jours passés à la maison, je ne pouvais presque plus marcher tant ma jambe gauche me faisait souffrir et je songeais déjà à anticiper mon retour en France.

Je me décidai enfin à aller rendre visite à ma doctoresse qui me soigne occasionnellement depuis plus d dix ans à Holy Child Hospital.

Ici pas de rendez-vous et il faut arriver de bonne heure au cabinet pour que la secrétaire nous inscrive sur la liste des patients de façon à ne pas trop attendre.

A 8 heures du matin j’étais quand même le sixième et il me fallu patienter jusqu'à 10h30 pour être reçu après que la Doctora Cabaces ait terminé la visite de ses malades hospitalisés et reçu en consultation les 5 personnes qi me précédaient.

Je souffrais d’une crise d’arthrose doublée d’une tendinite derrière la jambe. Elle me prescrit des anti-inflammatoires puissants qui me soulagèrent rapidement.

Je me demande parfois comment cette doctoresse d’une soixantaine d’années gagne sa vie car elle ne prend que 100 pesos d’honoraires par patient (1.60€). Son diagnostic est souvent juste et elle est assez humble pour conseiller un spécialiste quand elle n’est pas sûre d’elle-même.

Hélas huit jours plus tard mes douleurs revinrent et comme je ne veux pas vivre en absorbant ces antis douleurs en permanence, je prends mon mal en patience en attendant d’être de retour au pays.

 

La vache Marguerite : 

Le 17 janvier pour fêter nos trente ans de mariage, je donnai un chèque à ma chérie pour qu’elle s’achète ce qu’elle souhaitait. Or au moment de mon départ, elle me remit l’enveloppe avec le montant en euros pour que je lui achète une vache. Ce sera pour nos trente années d’amour ‘vache’ me dit-elle. C’est quand même plus original qu’un bijou !

En fait c’était aussi et surtout une forme de cadeau pour nos gardiens Dodong et Nora qui s’en occuperaient et qui aurait ainsi droit plus tard à un veau ce qui compenserait les pertes qu’ils avaient eu avec leurs chèvres et dont je parlerai plus loin.

Le mercredi 16 mars nous nous rendîmes Dodong et moi au marché de Malatapay où l’étranger que j’étais s’effaça pour le laisser négocier l’acquisition de notre vache. Ce n’est qu’au moment de payer et de la rédaction du contrat de vente que je me fis connaitre.

Pour la modique somme de 13 800 pesos (230€), nous étions maintenant les heureux propriétaires d’une génisse rousse de 13 mois qui tout naturellement pour un Français fut nommée Marguerite et que Dodong emmena chez nous à pieds en marchant le long de la plage. (voir le film d'Henri Verneuil de 1959, la vache et le prisonnier, avec dans les roles principaux, Fernandel et la vache Marguerite)


(Dodong et Marguerite lors de l'achat au marché de Malatapay)

(Marguerite chez nous trois semaines plus tard)

 

Les chèvres de Nora et Dodong :

Dans ma pauvre banlieue rurale, la richesse de mes voisins Philippins se mesure rarement comme dans nos pays occidentaux ou comme dans les villes des Philippines en biens de consommations comme les automobiles, les écrans plats TV ou autre Ipad et Iphones. Ici posséder un ou deux cochons, quelques chèvres et comble du luxe, une vache suffit à leur bonheur.

C’est ainsi qu’au fil des ans et de la générosité de nos visiteurs, Nora et Dodong se retrouvèrent propriétaires d’une chèvre, cadeau de ma belle-sœur d’Australie, qui plus tard fit des petits, d’une truie, offerte par une amie Bonita, qui elle aussi plus tard procréa et maintenant partiellement de notre vache Marguerite.


(La truie et ses petits)

(Une des deux chèvres dévorée par les chiens errants)


Or pendant mon absence et alors qu’il dormait à l’intérieur de notre maison,  Dodong entendit des aboiements furieux et nos deux chiens contribuèrent rapidement  à augmenter ce vacarme nocturne. Pour des raisons de sécurité il se garda bien d’aller voir ce qui se passait dehors et puis tout redevint silencieux avec seulement le bruit du vent et des vagues.

Or quelle ne fut pas sa surprise et son désarroi le lendemain matin en constatant que deux de ses chèvre qui étaient attachées à un piquet à l’extérieur de notre maison et dont une était pleine avaient été tuées et à moitié dévorées par des chiens errants. C’est un événement très rare dont je n’avais jamais entendu parler auparavant.

Dodong signala le fait à la mairie et tout en resta là jusqu’à ce quelques jours plus tard ce fut le tour de la chèvre d’un conseiller municipal à être attaquée et mangée par les mêmes chiens. Du coup la police organisa une battue et 9 chiens errants furent abattus à coup de fusil.

Il faut dire qu’ici les Philippins n’euthanasient pas les chiots nouveau-nés et préfèrent les laisser vivre sans soins et sans nourriture jusqu’à ce que ces bêtes errantes rongées par la faim en arrivent à ces cas extrêmes.



06/04/2011
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