Photos et lettres des Philippines, de France et d'ailleurs

La sécurité routière :

Dans la région de Dumaguete, le maire responsable de la police, ne fait pas respecter les règles de la circulation routière. Je pense qu'il est plus préoccupé à faire surveiller les bars au cas où une demoiselle  y danserait en bikini que par le port du casque par les motocyclistes, la ceinture de sécurité ou les lumières la nuit. En conséquence d'innombrables motards se tuent sur la route mais la morale est sauve et c'est l'essentiel.

Je demandais donc un jour à un jeune Philippin pourquoi il n'avait pas d'éclairage sur sa moto et il me répondit :

 « Ca ne sert à rien Monsieur car je vois bien clair la nuit. »

 Dans le même ordre d'idée, je m'informai un jour lors d'une invitation auprès d'un conseiller municipal pourquoi la mairie n'obligeait pas au port du casque et il me rétorqua le plus sérieusement du monde que cela ferait augmenter le taux de criminalité. Et d'ajouter « vous comprenez avec le casque on ne pourrait plus reconnaitre les délinquants. »

 

La formation des vendeurs :

Alors que j'étais chez le concessionnaire Kia de Dumaguete, je je posai quelques questions au vendeur :

Q : Ce véhicule est-il  équipé de l'ABS ?'

R : Oui Monsieur.

Q : Aussi d'airbags ?

R : Non mais cela ne servirait à rien.

Q : Pourquoi donc ?

R : Mais Monsieur puisqu'il y a déjà l'ABS, les airbags sont inutiles.

 

Un peu plus loin chez le concessionnaire Hyundai-Nissan :

Q : Ce modèle a ABS et airbags ?

R : Oui Monsieur, mais je vous conseillerais plutôt l'autre.

Q : Certes mais il est plus cher et c'est un moteur à essence.

R : Oui mais aucun autre véhicule n'a un compartiment réfrigérant dans le tableau de bord pour les boissons fraîches et avec la chaleur qu'il fait c'est bien plus utile que tout le reste.

 

Chez le magasin de bricolage local.je m'adressai un jour à un jeune vendeur.

Q : J'aime ce lustre, combien vaut-il ?

R : Il y a rupture de stock Monsieur.

Q : Si vous le commandez, je l'aurai quand ?

R : Attendez,  je m'informe.

Quelques instants plus tard.

R : Je ne peux pas vous renseigner.

Q : Pourquoi donc ?

R : C'est le jour de repos de la standardiste.

Q : Et alors ?

R : Mais Monsieur il n'y a personne d'autre pour téléphoner au fournisseur.

 

Quelques jours plus tard dans le même magasin.

Q : Je cherche un éclairage extérieur pour le porche de ma maison

R : Je vais voir.

Il revient plus tard avec un lustre d'intérieur.

Q : Mais c'est pour un salon

R : Oui mais ça fera bien plus joli.

 

Un autre jour j'apportai un tube fluo à changer.

Q : je voudrais le même

R : je vais le chercher.

Il revient plus tard avec différents modèles

Q : Pourquoi pas seulement celui que je vous demande ?

R : Comme ça vous êtes responsable de votre choix et pas moi

 

Bien évidemment ces jeunes ne sont pas à blâmer car ils ne reçoivent aucune formation et sont sous payés.

Ce sont le Philippines me direz-vous ? Mais que penser d'une grande enseigne en France qui embaucha pour un job d'été un copain de mon fils, étudiant en informatique. A quel rayon pensez-vous qu'ils le mirent ? Aux ordinateurs ? Pas du tout, il fut affecté au rayon des téléphones portables auxquels il ne connaissait  rien ou presque, et sans aucune formation.

 

La géographie.

Q : De quel pays êtes-vous ?

R : Je viens de France non loin de Paris.

Q : Je vois, est-ce sur la côte Est ou Ouest des Etats-Unis ?

De plus de par son métier mon interlocuteur était sensé être éduqué. Il l'était sans aucun doute dans son domaine.

 

La francophonie:

Q : Vous ne parlez pas Anglais en France ?

R : Non, pas entre Français.

Q : Alors quel dialecte utilisez-vous ?

 

Et oui la France est loin et c'est petit et puis que pouvons nous espérer d'autre quand Il n'y a même plus une chaine francophone sur la TV par satellite. La faute des Philippins ? Pas du tout, mais celle de TV5 qui  demande trop cher pour être diffusée. En conséquence TV5 a été supprimée il y a 2 ans.

Rassurez-vous nous avons encore CNN et BBC World.

On est loin du discours de nos politiciens prônant la défense et la promotion du Français. J'ai rencontré de nombreux jeunes intéressés par notre langue pour des raisons diverses mais souvent pour avoir une atout supplémentaire afin d'émigrer au Canada. Cependant ils n'ont pas les moyens de payer Silliman University à Dumaguete et encore bien moins de s'inscrire à l'Alliance Française de Cebu ou Manille réservée à une élite.

La crise économique.

Hier un technicien est venu chez nous pour réparer un chauffe-eau. Il était 13h et ma femme lui proposa à manger. Elle lui parla de la crise économique et lui demanda son point de vue.

Il lui répondit «  vous savez Madame, nous ici on est tout le temps dans la mouise, alors crise ou pas qu'est-ce que ça change. » et il se mit à rire.

 

Les coupures de courant.

Non seulement on nous fournit un courant électrique cher mais en plus aux heures de pointe le voltage tombe à 160-170 volts au lieu de 220-240 volts.

Par conséquent pour préserver nos appareils électroménagers, il faut en plus installer à ses frais un transformateur pour avoir entre 210 et 245 volts voire un régulateur pour un courant stabilisé à 230 volts.

Ce n'est pas suffisant car en plus les coupures de courant sont fréquentes et il vaut mieux avoir un petit groupe électrogène pour maintenir la chaine du froid et avoir de la lumière. Je l'ai fait installer début septembre et depuis il doit totaliser au moins 60 heures d'utilisation.

En début e semaine, il y eu un gros orage et une panne de courant s'ensuivit et dura ……vingt heures. Au bout de la seizième heure je me décidai à appeler la compagnie d'électricité. On me passa 3 personnes et la dernière me dit « Il y a eu un gros coup de vent dans votre zone hier et nous nous occupons de réparer. »

Je lui dis que cela faisait déjà 16 heures et j'ajoutai « pourquoi avons-nous plus de coupures de courant que partout ailleurs dans la région ? »

Elle me répondit « mais Monsieur il y a beaucoup plus d'arbres et de bambous par chez vous."

Un pays où le mot 'usager' a encore sa signification  et où les Philippins subissent sans se plaindre.

 

L'assurance habitation :

Ici les assurances ne sont pas renouvelables par tacite reconduction et jusqu'à l'an passé on ne recevait même pas d'avis d'échéance. C'est ainsi qu'en 2006 par oubli, ma maison ne fut pas assurée pendant un mois.

 

Depuis cette année, il y a eu du progrès et aussi bien pour l'auto que pour l'habitation, on reçoit un courrier un mois à l'avance. Par contre il faut toujours se déplacer pour payer et ensuite pour aller chercher son nouveau contrat.

Donc le 11 novembre je me rendis à la Philippines National Bank (PNB) pour payer ma prime. Un reçu me fut remis et on me dit de repasser dans une semaine pour récupérer mon contrat.

 

Le temps passe vite et c'est seulement hier, 5 décembre, en passant devant l'immeuble que je pensai à mon assurance. Je montai au bureau et le banquier-assureur fit des recherches pour me donner mes papiers. Ne trouvant rien, il décrocha son téléphone pour appeler le bureau régional de Bacolod  à environ 250 km. Là on lui répondit que tout était normal, que j'étais bien assuré mais que depuis la mi-novembre, ils bloquaient tous les courriers à destination de leurs agences pour ne faire en décembre qu'un seul envoi groupé avec les articles calendaires et les cartes de Noël.

Quand je pense que pendant 33 ans j'ai travaillé pour l'UAP et AXA au Département de la Logistique, il y avait de quoi tomber à la renverse en entendant cela.

 

Le cambriolage :

Le 11décembre 2008 alors que je passais deux jours à Sipalay, profitant de mon absence et de celle de mon gardien parti diner chez lui, ma maison fut cambriolée.

J'appris la nouvelle le 12 sur le chemin du retour car je n'avais pas de signal sur mon téléphone portable dans le resort où j'étais descendu. C'est un traumatisme et une angoisse que connaissent bien ceux qui ont vécu cela. Enfin, en plus des biens qui m'on été volés, j'ai surtout perdu mon angélisme et ma confiance en un endroit où il y a encore quelques années on ne fermait même pas ses portes. Le progrès nous rattrape et il me faudra maintenant sécuriser ma maison pour me sentir plus confiant dans cette métropole qui se modernise et que l'on appelle encore à tort « la ville des gens aimables ».

Donc après trois heures de route pendant lesquelles je me demandai ce que j'allais trouver et ce qui m'avait été volé, j'arrivai chez moi pour y trouver un grand déploiement de policiers. Outre la police de Zamboanguita qui était déjà venue la veille quand mon gardien avait constaté l'effraction, il y avait celle de Dumaguete sur place pour relever les empreintes digitales et les envoyer au fichier central de Cebu. Cependant je ne me faisais guère d'illusions quant à l'issu de l'enquête.

Mais c'est surtout ce que me raconta mon gardien qui finalement m'amusa. La veille lorsque la police arriva pour constater le délit et commencer l'enquête, ils vinrent avec leur appareil photo reflex pour prendre des images des lieux. Comme il faisait nuit, ils avaient besoin d'utiliser le flash, seulement il avait été emprunté par un policier et pas rendu. Donc ils repartirent à Zamboanguita à 5 km de là pour le récupérer. Seulement une fois revenus ils constatèrent que les piles étaient usées. Il leur fallu donc aller à nouveau à Zamboanguita pour en acheter des neuves.

Puis le lendemain le chef de police me prit à part pour me dire que ses principaux suspects étaient le mari et la femme que j'employais. Tout est possible mais ce couple avait plus à perdre qu'à gagner en me volant des articles de grande valeur pour moi mais difficilement négociables même pour une fraction de leur prix à la revente, et rapportant moins que le treizième mois que je leur verse pour Noël.

Deux mois après, je suis toujours sans nouvelles de la police et je n'en attends plus guère.

A suivre.......