Photos et lettres des Philippines, de France et d'ailleurs

Photos et lettres  des Philippines, de France  et d'ailleurs

10-Janvier à août 2002

Dés début janvier 2002 je suis de retour à Dumaguete où petit à petit j'apprends à mieux connaître la petite communauté francophone et commence à rencontrer des résidents d'autres nationalités.

L'hôtel OK pensionne house est devenu mon lieu de résidence et j'y garderai la même chambre jusqu'à l'achèvement des travaux de notre maison en septembre 2005. Je prends tous mes repas dans divers restaurants mais pour le petit déjeuner je reste fidèle au Why Not en raison de la corbeille de pain fournie et de l'accueil souriant des serveuses. C'est à l'hôtel et au cours de ces petits déjeuners que je rencontrerai beaucoup de gens dont certains deviendront des amis.

Je continue aussi à me rendre à la réunion des francophones  le mardi. A les regarder vivre, à visiter leurs demeures et à discuter, une idée petit à petit germe dans ma tête : Pourquoi pas moi ? Je m'imagine déjà vivant ici au bord de la mer une partie de l'année.


Une semaine avant mon retour pour la France, un intermédiaire Philippin me dit connaître un terrain en bord de mer situé à Dauin, à 19 km au sud de Dumaguete. Je me rends donc chez le propriétaire, Hans un Autrichien marié à une Philippine qui me fait visiter son bien que des revers de fortune l'oblige à vendre. Il s'agit d'un terrain de 5000 m2, de forme pyramidale dont la base de 45 m donne sur la mer. L'île d'Apo est visible sur la droite et je suis de suite emballé par le site mais hélas je n'ai pas les 3 millions de pesos du prix demandé d'autant que début 2002 notre nouvelle monnaie ne s'échangeait qu'à 45 pesos pour 1 euro. Hans me dit qu'il va demander à sa femme si elle accepte de diviser le terrain en 2 ce qui ne me ferait plus que 1.5 millions à débourser soit environ 33 500 euros plus les frais de notaire. Je rentre donc en France des rêves pleins la tête presque prêt à franchir le pas sans n'avoir rien vu d'autre. De plus je préfère ignorer le mauvais état de la dernière partie du chemin d'accès et surtout que les deux parcelles du terrain coupé en deux deviendraient 2 longs corridors avec un front de mer de seulement 22 m

J'en parle donc à mon épouse qui n'est pas du tout emballée par mon projet exotique et me conseille de louer chaque fois que j'aurai envie de séjourner là bas mais j'ignore son bon sens et je m'entête. Je lui demande de prendre 15 jours de congés en juin et de m'accompagner pour acquérir le terrain convoité. Quel naïf je faisais ! 15 jours pour cela, c'était ne pas connaître du tout le pays. Bref j'appelle donc Charly pour qu'il demande à son notaire qui deviendra le mien par la suite, de vérifier les titres de propriété. Charly et un autre ami Raymond me conseillent de me calmer et de prendre mon temps. Enfin de laisser retomber la mousse dans la chope de bière comme on dit dans le Nord.

Une fois rendus à Dumaguete où Charly nous accueille, nous allons voir Hans qui nous dit que nous lui avons rendu service un fier service en demandant que son titre de propriété soit vérifié car quelque chose cloche et la régularisation lui demandera du temps et de l'argent. Sans doute une chance pour moi mais maintenant il nous faut trouver autre chose si je veux que mon rêve foncier se réalise.

Des semblants d'agence immobilière commencent aujourd'hui à exister mais en 2002, on ne pouvait acheter un terrain que directement ou par l'intermédiaire de courtiers plus ou moins véreux et avides dont certains n'hésitaient pas à ajouter 30 à 50% au prix demandé par le propriétaire alors qu'une commission normale était de 5 à 6%. Ceci dit les propriétaires eux-mêmes voyant des étrangers augmentaient aussi souvent leurs tarifs dans des proportions identiques.

Donc mon épouse et moi nous mettons à la recherche d'un terrain bord de mer. Parcours semé d'embûches et de désillusions. Un lot à un prix correct nous est présenté à San Miguel à une dizaine de kilomètres au sud de Dumaguete. Ma femme n'est pas emballée car il y a juste à coté une usine de nitrate d'ammonium qui crache des fumées jaunes et aussi un quai pour les bateaux qui enlaidit le front de mer. Nous faisons alors notre petite enquête auprès du département océanographique de l'université Silliman. Ils nous disent que l'usine ne pollue pas l'eau de mer mais quid de l'atmosphère et des risques d'explosions ? Nous avions encore en mémoire le drame de l'usine AZF de Toulouse. Pourquoi faire 12 000 kilomètres pour construire une maison auprès d'un tel danger potentiel? Par ailleurs notre  notaire découvre que l'accès au terrain n'est pas régularisé et qu'avant que tous les protagonistes acceptent de vendre leur morceau de chemin, il s'écoulera un certain temps et il nous conseille donc d'abandonner.

Pour l'anecdote, la nièce du vendeur, notaire elle-même, nous dit alors que tout serait plus simple si nous devenions ses clients. Ben voyons ! Heureusement que je savais déjà que dans ce pays il ne fallait jamais prendre le notaire du vendeur sous peine de se retrouver avec de graves ennuis voire complètement floué.

Nous continuons à rechercher notre bord de mer mais tombons à chaque fois de Charybde en Scylla. C'est ainsi que Dhana rentra en France plus que jamais convaincue qu'il valait mieux laisser tomber mon projet.

Quant à moi j'ai encore deux mois pour trouver et le plus souvent accompagné de Charly dont le tempérament pointilleux m'est très complémentaire, j'apprends mon métier d'acheteur. Tout y passe de 30 km au nord à 30 km au sud au Dumaguete. , trop grand, trop petit, trop étroit, trop cher, pas d'accès, voisinage bruyant, terrain habité qui malgré les promesses serait difficile à libérer une fois acheté, pas de titre en règle etc.

Finalement je commence à me décourager surtout quand les prix augmentent dés que j'apparais.

Cependant peu de temps avant mon départ un courtier me fait visiter un terrain à 23 km de Dumaguete et là j'ai le coup de foudre. Beau terrain de 3000 m2 avec un front de mer de 50 m avec au moins 80 cocotiers. Les courtiers en veulent 2 millions de pesos et j'en offre 1.8 million. Ils doivent contacter le propriétaire et me donner une réponse le soir même ou le lendemain au plus tard.


Sans nouvelle le lendemain je les rappelle donc et ils me répondent penauds que la propriétaire en veut maintenant 3 millions. Pour une fois oubliant que je suis en Asie je m'emporte et demande au type qui est d'origine espagnole, de quel droit il se permet de vouloir vendre et négocier un terrain pour lequel il n'a pas de mandat. Offusqué dans sa fierté castillane, il me dit qu'il ne fait pas cela pour l'argent et se met alors à énumérer tous les biens de sa famille, surtout des plantations de canne à sucre et des haciendas. Pour me prouver la véracité de ses dires, il me conduit alors dans leur maison de Dumaguete et me fait faire le tour en voiture sans penser à m'offrir un rafraîchissement. Il en profite au passage pour me dire son mépris des Philippins, Chinois d'origine qui détiennent banques et commerces. Il ajoute que les parents et grands-parents de ces gens là ont immigré aux Philippines cachés dans des containers et possèdent maintenant toutes les rênes de l'économie. Quant aux Philippins de souche ils ne sont bons qu'à récolter la canne à sucre pour un salaire de misère ou à servir de domestiques aux aristocrates que sont les Espagnols appelés là-bas Castillans. Bien que fortement métissés pour beaucoup, ils forment vraiment une caste à part. Ils vivent et se réunissent entre eux et continuent à parler l'espagnol. Bien sûr ils sont citoyens philippins et la majorité n'ont jamais vu et ne verront jamais leur pays d'origine pourtant ils se considèrent toujours comme l'élite du pays encore imbus de leur gloire passée. Certes il est vrai que les Chinois sont travailleurs et économes et ne se font confiance qu'entre eux ou à leur propre famille, mais pourquoi les jalouser? Localement il y a une blague qui dit que lorsqu'un Philippin gagne 1000 pesos, il en dépense 1500 mais que le Chinois  qui en gagne aussi 1000 pesos en économise 500.

Bon, me voici maintenant dans la troisième semaine d'août et prêt à renter en France bredouille et confus. Nouveau retour envisagé à Dumaguete, janvier 2003. A quand la carte orange entre Paris et Manille ?



06/08/2007
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 21 autres membres