Photos et lettres des Philippines, de France et d'ailleurs

Photos et lettres  des Philippines, de France  et d'ailleurs

Lettre 1 : Pauvre Luisa. Epilogue.

Cela fait maintenant deux semaines que la nouvelle m'est parvenue. En fait je lui avais envoyé un SMS pour prendre de ses nouvelles et je reçus un texte  une heure plus tard.

Je croyais qu'elle me répondait mais c'était sa sœur, Magniola, qui m'apprit quelle était décédée le 27 juillet 2008. Elle me demanda qui j'étais et me remercia pour le peu que j'avais fait pour elle.

Je ne l'avais vu que 3 fois et ce n'était pas encore une amie, j'avais simplement choisi son histoire pour illustrer, si besoin était,  ce qu'est le sort de millions de personnes dans le monde qui n'ont pas eu la chance de trouver le bon passeport dans leur berceau.

Pour préserver son anonymat de son vivant, je lui avais choisi le pseudonyme de Luisa alors qu'elle se faisait appeler Minerva. En réalité Enge était son vrai nom. J'en profitais aussi pour demander à sa sœur quelques détails sur son passé  J'avais toujours en effet été surpris qu'elle ne demanda pas l'aide financière de son ex-mari d'autant qu'elle était aussi la mère de son fils Eric. J'étais aussi étonné qu'elle soit rentrée aux Philippines sans son enfant.

L'histoire qui va suivre m'est invérifiable aussi faut-il la prendre comme telle. J'ai cependant pris la liberté de remettre un peu d'ordre dans tous les textes que me fit parvenir sa sœur.

Tout commença par un rêve. Le rêve de beaucoup de Filipinas d'épouser un gentil mari étranger pour vivre une vie meilleure et supposée confortable dans un pays de l'Ouest.

Il s'appelait  Jorge et l'emmena vivre à Munich en Allemagne après le mariage plus tard elle y donna naissance à un fils Eric.

Je ne sais pas à quel moment les choses commencèrent à aller mal dans le ménage mais à l'époque où fut entamée la procédure de séparation, Jorge vivait avec 2 autres Filipinas.

Le divorce prononcé, elle partit vivre avec son fils aux Philippines où il devait suivre sa scolarité, sans doute aussi à Saint Paul comme sa mère. 


(Ouvrage commémorant l'arrivèe des soeurs de St Paul de Chartres à Dumaguete en 1904. 4 Françaises, 1 Américaine, 1 Portugaise et 1 Chinoise)


C'est alors qu'Eric attrapa la varicelle et fut hospitalisé. Elle demanda de l'aide à Jorge qui lui accorda à contre cœur ne croyant pas à la maladie de son fils et pensant qu'elle voulait seulement lui soutirer de l'argent. Cela ne l'empêcha pas de la convaincre de renter en Allemagne avec leur fils guéri en attendant la rentrée scolaire Philippine qui a habituellement lieu en juin. (je pense qu'ils éraient alors en avril ou mai).

Pendant que la sœur Magnolia les conduisait à l'aéroport, elle eut comme une prémonition et supplia Minerva de ne pas rentrer en Allemagne et ne pas laisser Eric seul avec le père qui pourrait le lui enlever. Minerva rétorqua que son ex-mari ne ferait jamais une chose pareille.

A Munich il leur avait loué un appartement pour la durée du séjour. Un jour Jorge leur rendit visite et prétextant emmener son fils pour en ballade, il l'enleva et ne le rendit pas. Prise de panique Minerva, en pleurant,  alla frapper à la porte de tous les autres appartements de l'immeuble pour obtenir de l'aide. Seul un couple d'Allemands âgés la prirent en pitié mais ne surent que faire concernant son problème.

Quand il lui enleva Eric n'avait plus qu'un peu d'argent et devait souvent se contenter  de pain rassis en guise de repas.

Selon la sœur, ce mari brutal n'en resta pas là et lui demanda par ailleurs une aide alimentaire pour leur fils car il était chômeur. C'était sans doute une façon de lui faire peur de manière à ce qu'elle n'entame pas des poursuites judiciaires. De plus sa nouvel copine du moment envoyait souvent des mails à Minerva pour l'insulter et la torturer luis disant, entre autre, qu'elle était une mère indigne.

Alors pour que son fils puisse vivre en paix, Minerva, sans ressources et sans aide, pas même celle de la sœur de son ex-mari  avec qui elle s'entendait bien, décida de rentrer seule aux Philippines.

Par la suite elle vécut un véritable enfer chaque fois qu'elle rendit visite à son fils. Elle a d'ailleurs laissé une lettre derrière elle pour en témoigner.

Selon Magnolia, le mari Jorge est le plus violent et brutal individu qu'elle n'ait jamais rencontré et elle veut lui envoyer une photo de Minerva dans son cercueil pour le culpabiliser.

En effet il ne crut pas au cancer  et à l'ablation du sein de sa femme car selon lui cela ne pouvait être qu'un mensonge pour lui soutirer de l'argent car on ne reste pas  trois jours à l'hôpital après une telle intervention chirurgicale. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'elle ne pouvait pas rester plus longtemps pour des raisons pécuniaires.

Elle lui demanda par la suite, comme une faveur, de lui envoyer une photo d'Eric et de pouvoir lui parler mais il lui refusa cette petite faveur lui disant qu'elle n'était qu'une pute faisant commerce de ses charmes alors qu'elle agonisait.

Le jour de sa mort elle appelait son fils et demanda à sa famille d'en témoigner.

Sa sœur a imprimé la lettre que Minerva était en train d'écrire à Eric mais hélas non achevée. Elle lui a demandé de ne lui remettre qu'à sa majorité  pour qu'il sache un jour la vérité sur sa mère.

Magnolia voudrait que cette histoire soit un jour lue en Allemagne et en particulier à Munich pour que là bas on apprenne le mal qui lui a été fait et les injustices dont elle fut la victime mais cela ne dépend pas de moi.

Voici donc la fin d'une triste histoire dans une courte vie. Tout est-il vrai ? Je ne saurais l'affirmer mais j'y crois.

 



03/10/2008
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