Photos et lettres des Philippines, de France et d'ailleurs

Photos et lettres  des Philippines, de France  et d'ailleurs

Lettre 1: Pauvre Luisa

Je viens de rentrer en France pour trois à quatre mois et cette histoire est la première  qui me vienne à l'esprit :

 

Au mois de mai, 2 jeunes femmes vinrent visiter ma maison sur les conseils du constructeur car l'une d'entre elles voulait vendre la sienne pour en construire une plus petite et capitaliser la différence.

Il est vrai qu'elle venait de perdre son mari et restait seule à 38 ans avec 3 enfants et des dettes. Il s'était tué en nettoyant son arme encore que certains disent qu'une proche faillite l'aurait sans doute poussé au suicide.

La seconde prénommée Luisa était une copine d'école. Elles étaient toutes deux diplômées de 'Saint Paul College' fondé à Dumaguete en 1904 par les religieuses françaises de Notre dame de Chartres.

Luiaa avait divorcé d'un Allemand et avait laissé son fils en Allemagne pour des raisons que je ne connais toujours pas.

Quelque jour plus tard Luisa me demanda si elle pouvait m'emprunter des livres car elle avait vu mon imposante collection de polars américains. Elle me dit aussi qu'elle serait à l'hôpital à Cebu city pour l'ablation d'un sein en raison d'un cancer diagnostiqué deux ans plus tôt et non soigné depuis.

Je lui apportais donc les livres à Cebu où 2 jours auparavant elle avait opéré. Elle me fit alors part de ses projets de renter ensuite dans sa famille à Dipolog,  au  Nord de Mindanao, pour y suivre une chimiothérapie. Elle me dit aussi qu'elle ne trouverait plus jamais de mari car elle n'aurait jamais l'argent pour une reconstruction mammaire.

Les jours passèrent et nous échangeâmes de temps en temps un texto ( En décembre 2006, les Philippines étaient champions du monde avec 1.2 milliard de SMS par jour.)

Quelques jours avant mon départ le 15 juin 2007, elle me demanda mon avis sur les médecines alternatives et je lui dis que je n'y croyais guère. Elle me répondit qu'elle n'avait pas d'autre choix car son assurance santé ne couvrait pas la chimio et que sa famille n'avait pas l'argent. La séance de chimio coûtait 13 à 15 000 pesos (220 à 250€.)

Pourtant habitué au pays, cette nouvelle me bouleversa, moi le Français tant habitué à notre couverture sociale. J'appelais donc différentes personnes y compris le responsable d'une ONG à Cebu demandant s'il n'existait aucune solution. ONGs ou œuvres caritatives pouvant prendre en charge les frais. Je m'en doutais mais la réponse fut NON. En tout cas rien qui ne puisse battre un cancer de vitesse.

Depuis elle m'envoie un SMS de temps à autre et m'a demandé d'allumer un cierge pour elle à Lourdes. Pas facile pour moi qui habite l'Ile de France. Je me contenterai d'une église parisienne et le lui ai dit.

Luisa n'est pas pauvre, elle appartient à la classe moyenne voire aisée alors que dire de tous les innombrables pauvres de ce beau pays.



23/06/2007
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