Photos et lettres des Philippines, de France et d'ailleurs

De retour avec ma femme Dhana aux Philippines, il nous faut maintenant passer aux actes, apporter quelques modifications aux plans car au lieu d'un cottage séparé, nous juxtaposons à la maison une sorte de studio avec salle de bains et entrée indépendantes. Ensuite c'est le choix des carrelages, sanitaires etc. Pas vraiment du repos pour ma femme.

Nous demandons un nouveau devis à Jay et là, mauvaise surprise car en quatre mois les prix des matériaux ont flambé aussi pour rester dans notre budget, nous réduisons légèrement les dimensions de la maison et pour compléter, mon épouse puise dans son épargne salariale.

Enfin nous tombons d'accord et nous signons avec Jay, pourtant son devis n'est guère détaillé contrairement à celui de Félix qui construit la maison de notre ami Raymond et où tout est mentionné au clou près. Cependant nous lui accordons notre confiance et nous verrons par la suite combien nous avons eu raison.

Enfin avant le départ de Dhana il reste une grande décision à prendre et c'est l'implantation de la maison sur le terrain. Nous nous retrouvons donc sur notre bord de mer avec Jay, Alden son assistant, ma femme et moi-même. Il y a aussi Dodong qui entretient notre terrain et qui en nous aidant se fera embaucher par Jay pour la durée de la construction. Une chance pour lui et sa famille.

Heureusement que mon épouse était présente car sans elle et sa crainte des grosses vagues et des typhons, j'aurais sans doute disposé la maison plus près de la plage ce qui aurai été une erreur. Finalement nous tombons d'accord pour construire à une quarantaine de mètres du bord de mer à marée haute.

(Implantation)

L'implantation faite, il est temps pour ma femme de rentrer en France et je n'ai plus qu'à attendre le commencement des travaux.

Ce chantier ne saurait commencer qu'un 18 ou un 28 du mois, superstition chinoise oblige, le fameux Feng Shui. C'est ainsi que le nombre de marches de la terrasse me sera imposé, la porte de la cuisine ne fera pas face à la porte d'entrée et la porte d'entrée à la grille afin que le malheur ne s'échappe  pas de la maison. C'est amusant car jamais Jay ne me parlera du Feng Shui mais je sais déjà que la maison se terminera comme elle aura commencée, un 18 ou 28 du mois.       

Donc notre construction démarre le 18 octobre 2004 mais je dois encore me plier à une coutume Philippines consistant à enfouir une pièce de monnaie dans les fondations aux quatre coins de la maison.

Les ouvriers s'installent aussi sur le terrain, ils bâtissent des huttes pour dormir et s'abriter ainsi que des latrines et des douches. Ils vont ainsi alternativement vivre sur place pendant un an ne rentrant dans leur famille que le samedi à partir de 15 heures. Leurs horaires seront de 8h à 12h et de 13h à 17h du lundi au vendredi et de 7h à 15h le samedi, avec deux coupures d'un quart d'heure dans la journée.

Les salaires s'échelonnent de 150 à 200 pesos par jour soit environ 2.50 à 3.50 €. Le chantier est placé sous la surveillance d'un contremaitre qui vit aussi sur place et est lui-même est contrôlé par un chef de chantier qui vient régulièrement sur le site. Par ailleurs Jay et Alden passent aussi au moins une fois par semaine pour suivre les travaux.

Il reste encore trois choses à faire avant le début effectif de la construction. La première est de trouver de l'eau et Jay fait appel à un puisatier qui va mettre plusieurs jours à forer un puits avec des moyens très rudimentaires. La seconde est de faire tirer une ligne électrique provisoire et la troisième et pas la moindre et de couper tous les cocotiers qui gênent. Pour les abattre il faudra au préalable obtenir l'autorisation de l'administration  en charge de cette richesse naturelle des Philippines afin de la préserver au mieux.

(Abattage des cocotiers)

(Forage du puits)

Voilà c'est parti et je vais rester un an sur place en ne rentrant en France que deux fois un mois.

Je vis à l'hôtel en ville et je me rends sur le chantier 2 à 3 fois par semaine. Ma présence s'avère d'ailleurs indispensable au fur et à mesure de l'avancement de la maison. C'est d'abord pour intervenir sur des modifications dues à mes erreurs ou à des changements demandés et non pris en compte par le constructeur. Ainsi les piliers carrés ne me conviennent guère, de même pour le muret de la terrasse auquel je préfère des balustres en marbre etc.

(La construction)

Plus tard et dans le désordre il me faudra choisir les peintures, les moulures du plafond, les lampes, les points d'eau, la cuisine aménagée, les carrelages muraux, l'aménagement des salles de bains, le mur d'enceinte etc. Pour ce faire je ferai beaucoup de voyages à Cebu pour y trouver des idées en tout genre, carrelages, meubles, électroménagers etc.

Un grand merci aux technologies modernes que sont l'Internet et la photo numérique qui me permettent de communiquer avec ma femme en lui envoyant photos et documents pour qu'elle fasse ses choix car cette maison se fait à deux et pour nous deux.

Fort heureusement le travail effectué est de qualité et je peux me fier aux ouvriers, d'ailleurs Jay lui-même n'hésitera pas à faire casser et modifier certaines choses ne lui convenant pas. Nous avons le temps et la main d'œuvre est bon marché.

Maintenant que le chantier est en cours, les matériaux sont acheminés par camion et les ennuis avec certains de mes voisins commencent motivés par la jalousie et/ou l'appât du gain.

Tout d'abord à 150 mètres de mon terrain, le chemin tourne à angle droit, la voisine mettra des poteaux à la limite des trois mètres auxquels j'ai droit, empêchant ainsi les camions de négocier le virage sans des manœuvres difficiles. Il faudra que Jay négocie le droit de passage pour la durée de la construction.

Ensuite ensembles avec un voisin Allemand et un autre Américain nous faisons réparer et niveler notre chemin d'accès qui est en terre et va de la route nationale à mon virage. Ce chemin est utilisé à plus de 90% par nos voisins Philippins et fait quatre mètres de large alors que nous n'avons droit qu'à un minimum de trois mètres. Aussi une fois les travaux finis, des propriétaires menaceront l'entrepreneur d'un procès pour avoir réparer les quatre mètres l'obligeant à casser et à revenir à trois mètres pénalisant surtout les locaux. De plus pour protéger leurs biens, ils planteront des arbres dans la limite des trois mètre pour mieux affirmer leurs droits de propriétaires face à ces 'milliardaires' étrangers qui les envahissent.

Enfin il vaut mieux oublier ces petites mesquineries et voir le bon côté des choses et la gentillesse de la majorité de la population.

Les travaux avancent donc et pour créer une bonne ambiance sur le site, j'organise un repas par mois auquel tous les ouvriers sont conviés et qui les change de leur ordinaire fait le plus souvent que de riz et de poisson séché.

(Les repas mensuels)

C'est la femme de Dodong mon gardien et maintenant ouvrier du chantier qui fait les courses et la cuisine et je découvre en elle une excellent cuisinière et je l'emploierai plus tard pour entretenir la maison.

Ma femme revient aux Philippines début septembre 2005 pour les dernières finitions et ce sera encore une fois la course pour elle entre le choix des meubles, l'achat des rideaux, la vaisselle etc. Enfin la cerise sur le gâteau sera la crémaillère qui là-bas est la bénédiction de la maison.

La fête est prévue pour le 21 septembre et nous invitons de nombreux amis de toutes nationalités.

(21 septembre, la crémaillère)

A nouveau il est temps pour Dhana de rentrer en France et je reste seul pour finir l'acquisition des meubles et commencer l'immense chantier de la pelouse avec ses 3000 m2 à niveler et à engazonner.

Une dernière chose encore, nous nous sommes rendu compte lors de la soirée crémaillère que le voltage descendait aux heures pleines à 160-170 volts au lieu des 220-230 volts requis m'obligeant entre autre, à ne mettre en route la climatisation qu'à 22 heures pour ne pas l'endommager. Dés mon retour en Mars 2006, il me faudra trouver une solution.