Photos et lettres des Philippines, de France et d'ailleurs

De Dumaguete à Kabankalan via San Carlos, Canlaon et Isabella. Journée du 3 juin et matinée du 4 juin.

La date de mon départ approchait et jusqu'alors je n'avais fait que de petites excursions en voiture et j'avais envie comme à chaque séjour de partir sur la route pour deux à trois jours. Je décidais donc d'aller vers San Carlos au nord en longeant la côte orientale puis de traverser ensuite la montagne par Canlaon pour rejoindre la côte occidentale et revenir chez moi par le sud de l'île. Ce serait mon quatrième tour de Negros dont un complet de 750 km et trois réduits de 650 km.

Un ami Suisse m'avait dit que la route passant par la montagne et Canlaon était bonne car il l'avait faite en moto. Jusqu'alors j'avais emprunté la très belle route de montagne plus au nord passant par Don Salvador et Murcia en direction de Bacolod, et où par beau temps les paysages sont magnifiques.

(Mon Pajero au cours du voyage)

J'aime découvrir cet aspect des Philippines hors des sentiers battus, appareil photo en mains et le 3 juin au matin je partis donc seul. En direction de Dumaguete,  Bais et San Carlos. J'étais seul car mes amis du bout du monde sont plutôt du genre casanier et peu tentés par mes ballades. Ce n'est pas toujours évident de voyager seul avec mon 4x4, surtout lorsqu'il faut prendre des routes isolées où un petit problème mécanique prendrait des proportions bien inquiétantes. D'autant que mon Pajero qui est un surplus japonais de 1995 et dont le volant est passé de droite à gauche, ne s'est guère montré ces cinq dernières années être un exemple de fiabilité et a connu d'innombrables pannes, y compris un moteur refait.

J'ai bien essayé de le vendre à plusieurs reprises mais la montée du coût des carburants et la mauvaise réputation des véhicules de surplus nippons alliée à celle des importateurs locaux n'attire guère le chaland et il m'aurait fallu presque le donner pour m'en débarrasser.

Je pris donc la route à 7h20 et je commençai vite à le regretter car il me fallut trois heures pour parcourir les premiers 90 kilomètres. Il faut dire qu'un énorme chantier  consistant à bétonner toutes les routes principales de Negros est en cours de réalisation. Lors de mes deux premiers circuits de nombreuses routes recouvertes d'asphalte étaient défoncées par les intempéries et les camions transportant la canne à sucre vers les raffineries. Aujourd'hui elles sont en reconstruction et l'asphalte remplacée par des dalles de béton moins fragiles.

(Photo du dessus, pont et route en reconstruction. Photo du dessous, route reconstruite)

Lorsque ce sera terminé Negros disposera d'une infrastructure routière de qualité mais en attendant  ce n'est pas drôle pour les conducteurs. Il est vrai qu'il faut être Français pour râler, les Philippins plus calmes prennent leur mal en patience tout en avalant la poussière.

(Plage près de Guihulngan à 50 km de San Carlos)

Plus de cinq heures et demie plus tard et 200 kilomètres parcourus, j'arrivai donc à San Carlos juste à temps pour déjeuner et je pris une chambre à 940 pesos (15€) au YM business Inn, sympa et propre.

http://www.yayang4ever.com/ymbusinessinn/

Située sur la côte le long du détroit de Tañon dans la province de Negros Occidental, la ville est au carrefour de quatre villes principales de l'archipel des Visayas : Cebu City, Bacolod , Iloilo et Dumaguete. La municipalité (canton) a 40 kilomètres de côtes protégées et étroitement surveillées en raison du programme de reboisement des mangroves. La ville est peuplée de 120 000 habitants, sans doute la population totale du canton car il y a peu de trafic sur les grandes artères où circulent encore de nombreux tricycads (tricycles à pédales), non polluants mais sans éclairage la nuit.

San Carlos est aussi connu pour son Pintaflores festival qui a lieu chaque année du 3 au 5 novembre et où les danseurs des rues sont  habillés de costumes aux motifs floraux. Cette tradition est sensée rappeler une ancienne coutume des Visayas d'avant la colonisation espagnole.

Je me reposai un peu de mon trajet et sous un ciel menaçant j'allais me balader un peu  à Center Mall où il y a un immense et beau parc mais pas encore de Centre Commercial comme son nom pourrait le faire supposer.

(Center Mall, Paseo de Flores)

Ensuite j'allais visiter pour la première fois le People Park qui a pour originalité d'avoir été aménagé sur la mer avec les remblais venant de la construction du nouveau port.

(People park, vieille locomotive utilisée avant pour le transport de la canne à sucre vers les raffineries)

(People Park, le restaurant)

Après mon retour à l'hôtel, je partis ensuite diner sous les trombes d'eau dans un restaurant italien, La Grotta,  tenu par un Allemand parlant à peine Anglais. En tout cas ma pizza était excellente.

Je rentrai me coucher perplexe quant à la suite à donner à mon voyage car je n'avais pas envie de continuer à travers la montagne sous la pluie d'autant que pour la photographie ce n'est pas génial.

Au lever, le temps était mitigé avec beaucoup de nuages mais je décidai de continuer malgré tour. Je redescendis donc 20 kilomètres au sud jusqu'à Vallehermoso et je pris la route de montagne vers la ville de Canlaon distante de 20 kilomètres de la route nationale.

Outre les plantations de canne à sucre, le nord de Negros recèle également des paysages montagneux imposants, depuis lesquels d'impressionnants volcans solitaires élancent leurs cratères déchiquetés vers le ciel.

La route, elle aussi était souvent en travaux, est belle avec de beaux paysages mais hélas le ciel était souvent cotonneux. Faire de bonnes photos c'est aussi être chanceux et être au bon endroit au bon moment avec les meilleures conditions de lumière. Ce ne fut pas toujours mon cas lors de ce voyage où il n'était guère question d'attendre une météo plus propice avant de continuer la route.

(La montée vers Canlaon)

(Comme souvent ici la corvée d'eau échoit aux gamines)

La ville de Canlaon est au sud-est du Mount Kanlaon, un volcan culminant à 2465 mètres d'altitude, constituant le cœur du parc national du même nom. Le parc s'emploie à préserver différents types de forêts, parmi lesquels les forêts tropicales et les forêts des brumes ancestrales, habitats d'innombrables espèces animales. C'est triste mais l'île de Negros a perdu 96% de ses forêts en un siècle. Le Mount Kanlaon est le seul volcan de l'île encore en activité et qui entra en éruption 25 fois depuis 1886. Canlaon City est un point de départ des randonnées pour atteindre le sommet et visiter le parc naturel. Différents chemins y mènent et en plus du cratère principal, un ancien cratère et plusieurs lacs de montagne ne manqueront pas d'émerveiller le randonneur parvenu jusque là. Il est préférable de prévoir au moins trois jours pour l'ascension de ce sommet. Une fois arrivé, le courageux grimpeur se voit récompensé de ses efforts par un magnifique panorama sur la jungle, la mer et les îles voisines de Cebu et Panay.

(Le volcan Kanlaon)

Après Canlaon, je pris la direction de Moises Padilla et je revins pour la deuxième fois dans la province de Negros Occidental après San Carlos. 

(Plantation de canne à sucre)

Ensuite tout en traversant d'immenses champs de canne à sucre, j'arrivai à la ville d'Isabella et sa curieuse église avant de rejoindre Himamaylan et la côte occidentale de l'île.

(L'église de la ville d'Isabella)

Pendant le trajet je m'arrêtai fréquemment pour prendre des photos souvent gâchées par le ciel nuageux.

Maintenant il me fallait mettre le cap vers le sud et la ville de Kabankalan où repose un compatriote que je connaissais bien,  François Glen, assassiné à 82 ans dans sa maison de Bacong en novembre 2008 our 5000 pesos (80€). J'y arrivai à midi et il était maintenant temps de me reposer et de manger. 

(Près de Kabankalan, une plantation de manguiers et les ouvriers agricoles)

Je me nourris d'un hamburger-frites arrosé de Sprite puis je fis le plein de carburant avant de continuer vers Sipalay au sud.